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#bonheur

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Mon amie Élodie et son conjoint Raphaël ont ouvert leur blog pour partager leur expérience de vie de couple... j'aime bien les petits trucs qu'on y trouve. Ça a l'air prometteur ^^

Et en plus, ils ont un compte sur le Fediverse (une idée que je leur ai soufflée) : @ElodieRaphael

#Amour #Couple #Bonheur ...

https://couple-epanoui.fr/

couple-epanoui.frCouple Épanoui - Les secrets de la relation amoureuseRedynamiser son couple et le faire durer, conseil d'un couple

Agacé par les références à Spinoza / Deleuze sur les passions tristes ("le pouvoir vous veut malheureux") que je vois citées régulièrement (quand ce n'est pas dans la version de ce brave et pénible Lordon.

J'ai lu le petit livre de Deleuze sur Spinoza il y a bien longtemps, et, franchement, j'ai toujours été mal à l'aise avec ça - et avec Deleuze de manière générale. Mais peu importe.

Sara Ahmed, dans son livre décapant sur le bonheur, The Promise of Happiness, 2010, Duke University Press, fait un sort à cette thèse si répandue et si peu discutée, qui rejoint tout à fait ce que j'en pense :

***

"Pour suivre plus fidèlement Deleuze et Spinoza, on pourrait dire ici que l’argument que j’ai avancé dans ce livre suggère que le bonheur peut être sanctionné en tant qu’émotion positive et bien social, mais qu’il peut être un affect triste dans la mesure où le bonheur diminue la capacité d’action (voir cependant le chapitre 1, note 1, pour une discussion sur les problèmes liés à la distinction affect/émotion). Je suis d’avis qu’à l’heure actuelle, nous devons remettre en question l’association même des affects positifs et négatifs avec l’augmentation et la diminution des pouvoirs d’action. Cela dit, et en me tournant directement vers Spinoza, je ne nierais pas que les affects tristes jouent un rôle dans la gouvernance. Spinoza met l’accent sur l’utilisation de la peur (et de l’espoir, qu’il relie à la peur) dans le gouvernement par la superstition, qui « raille le vice » plutôt que d’enseigner la vertu. Une telle focalisation est compréhensible compte tenu du contexte dans lequel il écrivait. Pour les lecteurs contemporains, nous devons comprendre que la gouvernance fonctionne non seulement par la peur et l’espoir, mais aussi comme une incitation à la bonté, à la joie et au bonheur. Une autre histoire de l’affect serait donc une histoire de la joie comme diminution des capacités d’action, bien qu’il y ait et qu’il devrait y avoir d’autres « autres histoires » de la joie (voir, par exemple, Ehrenreich 2007). À un moment donné dans l’Éthique, Spinoza laisse entendre que la joie et la tristesse peuvent fonctionner de la même manière en tant que formes de gouvernance : « Les parents, en réprouvant ce qu’on appelle les mauvaises actions, et en blâmant fréquemment leurs enfants chaque fois qu’ils les commettent, tout en les persuadant que la joie et la tristesse peuvent fonctionner de la même manière en tant que formes de gouvernance. »

***

Notre époque est (aussi) celle de la pensée positive, du développement personnel, des micro-jouissances continues suscitées par la rencontre avec les écrans, et songeons à toutes les formes qui manifeste depuis quelques décennies ce qu'Hangwoo Lee, après d'autres, appelle le "capitalisme affectif" (les moyens par lesquels les salariés sont attachés affectivement à leur entreprise, l'état de satisfaction et d'épanouissement qu'il est censé leur apporter, l'exclusivité de cet attachement, etc..). Voir : Affective Capitalism. For a Critique of the Political Economy of Affect, Palgrave Milan 2023.

Il faudrait développer tout cela bien sûr, mais cette récupération si à la mode d'un Spinoza totalement décontextualisé (comme le rappelle Sara Ahmed) me semble assez suspecte.

Je concède tout à fait que le pouvoir aimerait distribuer les motifs d'être triste ou heureux à sa façon, en découpant à la manière qui l'arrange les archives du malheur (pleurez pour les otages israéliens, mais oubliez les palestiniens, réjouissez-vous en chœur des Jeux Olympiques ou de la rénovation de la Cathédrale de Paris).

Mais, il craint par dessus-tout la tristesse, l'insatisfaction, la colère, et les passions tristes qui risqueraient de détourner les citoyens du devoir d'être heureux (et d'accepter leur sort sans commencer à penser : collez-vous devant vos écrans, souriez et oubliez le reste)

Dans la plupart des régimes autoritaires, manifester son bonheur c'est prouver sa loyauté au pouvoir (et éviter les emmerdements). Il y a un hashtag qui circule en ce moment en Algérie, sur les réseaux des opposants au régime de plus en plus autoritaire et militarisé de Tebboune et sa clique : "je ne suis pas satisfait" (#Manich_radi). Le pouvoir a contre-attaqué en lançant le hashtag "#Ana_mâa_bladi" (« Je suis avec mon pays ») - Tebboune lui-même a évoqué ces hastag dans un discours !

Comme le dit Sofiane Shouiter, président du centre pour la protection légale des droits humains en Algérie. "Ça devient une politique systématique et généralisée. Toute forme de contestation pacifique provoque une arrestation, puis des poursuites judiciaires. Le fait d'exprimer des opinions pacifiques devient un crime."

sahel-intelligence.com/36249-p

Voilà à mon avis ce dont rêve le pouvoir : une population (exploitée jusqu'à la moelle) mais heureuse. Et donc cet usage de Spinoza commence à me lourder un peu. (méfiez-vous des pensées à la mode qui semble sympathiques !)

#Spinoza #Deleuze #Bonheur #Algerie
#Manich_radi