*Après l'OTAN, une Europe des peuples pour rester indépendants ?*
J'en vois de ci de là qui envisagent positivement l'idée de renforcement de l'indépendance de la France... à travers la construction d'une Europe des nations et d'une défense européenne.
Ce n'est pas seulement à cause de la tutelle américaine s'exerçant à travers l'OTAN que ça n'existe pas déjà.
C'est aussi parce que ce raisonnement n'est tolérable que lorsque vous êtes un pays fort envisageant l'union avec quelques équivalents et beaucoup de plus faibles.
Si une Europe de nations se créait, la France y serait sans nul doute prépondérante.
Carrefour économique, carrefour géographique, capacité industrielle, puissance culturelle et intellectuelle, nous n'avons pas trop à craindre d'être mangés ni mis en minorité.
Mais qu'en serait il si nous étions la Belgique ? l'Autriche ? La Slovakie ?
Nous avons d'ores et déjà sous les yeux un exemple criant de la façon dont les états européens riches traitent les petits à proximité : souvenez vous de la Grèce et regardez dans quel état elle se trouve aujourd'hui.
Une union basée sur les peuples n'a aucune chance de tenir si elle est seulement motivée par la peur de se faire envahir et le besoin de sécurité militaire.
Ce serait un mariage de raison au mieux, un mariage forcé a minima, et en tout cas un scénario où les gagnants sont les gros et les perdants sont les petits.
D'ailleurs, le saviez vous, une alliance de pays pour éviter d'être tout seul en cas de conflit et mettre en place une "solidarité militaire", ça existe.
Ça s'appelle l'OTAN, et qui en a tenu les rênes au détriment de tous les autres ?
Un gros pays.
Qui a décidé récemment de tourner casaque (au moins pour l'image, dans les faits on verra), laissant tous les petits tout seuls.
Ajoutons enfin qu'une Europe des peuples a déjà eu des décennies pour émerger.
La France, l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne, la Pologne, et tous les autres étaient en position de la faire avancer pendant la construction de l'UE.
Ils ne l'ont pas fait.
Ça ne sert pas leurs intérêts, qui sont des intérêts de nations aux contours définis, à la culture définie, à la langue définie, à l'indépendance revendiquée.
L'Europe est un espace géographique, pas un espace d'identité populaire commune. Si c'était le cas, le racisme banalisé contre les roms aujourd'hui, et les "ritals" et les "portos" hier, n'auraient pas de socle idéologique sur lequel s'ancrer.
Essayer de faire se rapprocher les peuples d'Europe dans une construction unique et non basée sur les intérêts commerciaux me semble aussi peu réaliste qu'essayer de convaincre les propriétaires de maisons individuelles voisines dans un même lotissement d'aller tous ensemble loger dans un immeuble, même tout neuf, même super bien foutu.
Tout le monde sait que le plus gros propriétaire aura le plus gros appart, les meilleures conditions, la part du lion, et une voix prépondérante aux réunions de copropriétaires.
Pour arriver à cela, il faudrait déjà remonter le niveau de tout le monde à hauteur du plus fortuné.
Créer le sentiment d'interdépendance positive, de symbiose, ne peut se faire sous la pression du risque militaire.
Bref, en tant que peuples, on n'est tout simplement pas prêts, et rien dans nos politiques nationales, commerciales ni même culturelles ne nous y prépare.